Quelle idée j’ai eu encore là !
M’inscrire à un événement de cette envergure sans réelle expérience de Bikepacking sportif , j’entends par là , rouler un maximum de temps par jour pour respecter les délais imposés, sur un vélo équipé du strict minimum …..
En effet, j’avais déjà rouler en mode touristique , donc sans notion de chrono ni de trace imposée , avec presque tout le confort possible dans les sacoches et le temps de profiter du paysage et des personnes rencontrées.
5h39, l’heure à laquelle le rendez-vous nous est donné sur la ligne de départ, à Bray-Dunes , derrière nous à 20 mètres , la Belgique. 6h24 , au chant du coq, le départ est donné et le paquet de 47 cyclistes s’élance.
La nuit n’a pas été très reposante de mon côté, le stress des préparations ainsi que l’engagement vers quelque chose d’inconnu sont surement responsables. C’est donc avec un bon mal de crâne que j’entame mon défi , j’avoue que j’étais bien pessimiste sur ce coup-là. Mais je ne suis pas parti pour abandonner, non, car quand on s’engage il faut se donner et surmonter les obstacles .
Le départ donné, je choisis de rouler à mon rythme et de me ménager car je sais que j’aurai 2 semaines à passer sur mon vélo . Le gros de la troupe s’échappe au loin sur les plaines belges et les pistes cyclables longeant les canaux. Cela ne me gêne pas car je veux rouler sans contrainte ni rythme imposé. Cela me laisse le temps d’apprivoiser le GPS et découvrir mon vélo !
La campagne belge traversée est relativement déserte et la recherche de « spots » pour se ravitailler commence , il va falloir s’y habituer . Je roule un moment avec un confrère , qui semble avoir du mal à trouver son allure et qui se pose pas mal de questions , on trouve un café et ça repart direction les monts des Flandres.
Je me retrouve seul , le collègue reste en arrière , à son rythme. Par contre, mon mal de crâne est resté avec moi . Les kilomètres s’enchaînent et la pause de midi se fera sur un carré d’herbe bien tendre, une micro sieste me requinque un peu…….j’en ferai exactement 3 pendant mon périple.
Première journée finie, j’ai trouvé mon rythme de pédalage mais pas du tout celui du bikepacker en quête de chrono ! Trop de détours, de retours en arrière pour chercher à manger, à boire et s’orienter correctement. Je fais mon expérience et finalement je trouve une certaine assurance au bout de 4 jours . Le métier qui rentre comme on dit ……trop tard pour prendre suffisamment d’avance sur la moyenne journalière, car les difficultés vont commencer à l’approche du Morvan , et les dénivelés annoncés ne vont pas faiblir.
Je lâche du lest sur le trajet , concrètement je démonte le porte-tout qui se situe sous le cadre et qui tient ma tente . Celle-ci va finir sur le guidon , tenue par 2 sangles de cale-pieds. La moitié de mes habits vont aussi prendre l’air ! je dois gagner 1.5kg , peut-être 2. Manipulation importante pour le mental , je suis motivé et le moral gonflé pour avancer .
Le Nord, l’Aisne,la Champagne sont déjà traversés , la France peut être désertique quand on suit les chemins de la French Divide , heureusement qu’il y a les moustiques et les grenouilles pour nous tenir compagnie. Ayant trouvé ma cadence , je rattrape un petit groupe et nous partageons un petit hotel . Ils sont peut-être partis trop vite et on , pour certains, eu des problèmes mécaniques.
Le Morvan représente pour moi le début de la partie « VTT » où le choix d’un FATBIKE comme destrier va s’avérer intéressante ! je m’amuse comme un gamin dans les parties défoncées ……..cela me rappelle le plaisir pris lors des passages pavés « PARIS-ROUBAIX » ! Je croise d’ailleurs 2 randonneurs en FATBIKE sur le tracé du GTM (Grande Traversée du Morvan) . J’ai roulé en compagnie de Sébastien pendant quasiment 2 jours , en « yoyo » ……..c’est à dire qu’il me rattrapait dans les montées et moi dans les descentes , pour au final boire un coup ensembles le soir …..chacun son allure, ses habitudes alimentaires et capacités physiques .
L’Allier se fera sans trop de problèmes, si ce n’est qu’une erreur stratégique de ma part : sortir de la trace le soir pour chercher le gîte et se remplir la bedaine ….les kilomètres et temps cumulés ne vont bien-sûr pas dans le bon sens mais ne sont rien à côté d’une nuit trop courte , surtout quand je choisis LE camping qui fait la fête jusqu’à 2h du matin ! bref, le métier qui rentre ……….Chaleur,fatigue et Massif Central , hop hop hop , la cadence journalière en prend un coup , je dirais même que je subis mon premier vrai coup de barre , c’est le 9ème jour et je le réalise. Déjà plus d’une semaine que je passe 10 à 12h sur mon vélo et je n’ai pas vu le passage de la première semaine . Comme quoi on ne s’ennuie pas sur les chemins de St Jacques .
Le Massif Central sera dur à traverser, je ne vais pas mentir et cacher aux potentiels participants que cette zone est importante dans le tracé …….entrainez-vous !
Côté physique , mon corps tient le coup et la tendinite qui a débutée il y a quelques jours suite à une mauvaise rencontre (cascade dûe à un chien , chaussure restée accrochée sur la cale et élongation du tendon d’Achille) commence à se faire discrète . J’ai respecté mes « ordres et conseils » : HYDRATATION , ETIREMENTS permanents . J’y rajoute massage et NIFLUGEL. Je vous laisse deviner la zone qui devient chaque jour un peu plus sensible 🙂 .
Mont Dore , j’adore mais j’en mangerai plus tard ……la pluie me fait renoncer à l’abandon de ma tente pour m’alléger. Cela fera parti des objectifs futurs, si objectifs il y a , de partir en mode réellement Divider. Pas de tente,pas de matériel superflu…….
Solitaire depuis quelques jours, je traverse la Corrèze et ne prend pas de repos car ça grimpe encore et toujours . Les batteries du bonhomme sont de plus en plus dures à recharger et je sais que l’arrivée à l’heure sur Mendionde sera difficile à réaliser. Toujours très motivé , je ne cède pas et continue d’avancer. Le challenge passe aussi par là , accepter une certaine défaite et relativiser : je vais rouler les 2 semaines complètes et ça c’est certain.
Rocamadour,chaleur,Le Lot ,Bike a Lot ,Montcuq, les cotes et descentes s’enchaînent pour enfin se calmer à Moissac. Le paysage change et je roule en « Beauce » . On est vendredi-soir , fin de la 2ème semaine , je suis claqué , béat, dans un état second . J’arrive dans un petit village qui me semble désert (comme quasiment tous ceux traversés) et d’un coup , un bruit provenant d’une place . un autochtone me dit avec l’accent : là-bas tu vas trouver à manger ! A boire plutôt car c’est un bar qui fait aussi concert à ciel ouvert. Tapas et bières. J’ai soif. il est déjà minuit et je file au camping juste à côté. Bon repos et réveil sous l’orage. Ca y est , c’est le signal de fin. J’attends que le temps se calme mais il ne semble pas aller dans ce sens. Donc je pars direction Saint Gaudens pour trouver la gare. Mon périple s’achève donc officiellement ce samedi-matin, je ne sais pas exactement où j’ai quitté la trace GPS, j’ai roulé 2 ou 3h sous la pluie avant de prendre le train , direction Bayonne.
J’ai murement réfléchi et pris ma décision (on a le temps sur un vélo de cogiter) , je préfère rallier Mendionde par le train puis par la route . Cela fait presque 12 jours à pédaler seul et le besoin de revoir des participants pour échanger et trinquer est plus important que faire 100km de plus. Donc pas de Tourmalet pour moi , je me vengerai un autre jour !
Arrivé à Bayonne sous la pluie , je retrouve Christine , participante rencontrée sur le secteur pavé du chnord, et son ami Patrick , pour une pause restaurant basque. Le hasard faisant bien les choses, je croise un ancien collègue……….coréen en congés ici. L’estomac rempli, je vide une partie de mon équipement dans le véhicule des amis pour tracer vers la montagne , Mendionde me voilà. Le vélo est méconnaissable, j’ai l’impression de voler . La prochaine fois je voyagerai nu !
Bilan : j’ai passé une très bonne soirée de clôture et nuit dans la salle des fêtes . L’aventure humaine a été très enrichissante et les personnes rencontrées (sauf le chien) tout autant. Partir sur un défi comme celui-là se doit de passer par une étape de préparation , nécessaire pour acquérir les reflex du bon bikepacker.
J’ai zappé cette étape et l’ai réalisée en fait les premiers jours . N’ayant pu accumulé des kilomètres d’avance , voilà pourquoi la traversée des Pyrénées a été tronquée. Donc un peu déçu , mais pas vraiment . Je n’avais jamais roulé plus de 120km par jour. Ni enchaîné pendant 2 semaines 10 à 12h de selle. Le moral et mental sont donc primordiaux dans ce type d’épreuve , la préparation physique un plus. Ici il faut rajouter l’organisation de la journée complète. Un vrai métier !
Mon engagement était personnel et je voulais rendre hommage à ma petite nièce Emeline . Mes pensées allaient vers elle dans les moments difficiles et me boostaient car pas le droit de baisser les bras. J’ai perdu 3 kilos, une paire de chaussure, pris 2 belles gamelles sans gravité, des dizaines de griffures et piqures de ronces et orties, bu entre 6 et 8l voire plus par jour,dormi de 4 à 6h par nuit,3 à 4 repas par jour, avec des goûters entre les repas et des en-cas entre les goûters, pas de crevaison ni de problème mécanique……….vive les vélos MLine !!!!!
Je tiens encore à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu et porté durant ces 2 semaines , et, bien entendu aider à la préparation de l’épreuve, tant en matériel qu’en soutien moral et financier.
A bientôt pour de nouvelles aventures ! ?